• Gloire au Travail ... toujours bien fait

    (avec Bienveillance, Force, Sagesse et +)

    "Je sais que vous allez pouvoir m'aider", ce fut la première phrase qu'elle prononça en me serrant la main...

    Ce fut une de mes premières clientes et qui dit première cliente dit aussi première affaire de ce type.

    C'était donc dans les premiers mois de mon activité actuelle, celle de l'enquête privée.

    Cela remonte au début de l'année 1993.

    Les faits sont exacts mais j'ai volontairement transformé les lieux et les noms de mes clients, car la discrétion et la confidentialité sont toujours les maitres mots de ma profession.

    Voilà, une fois ceci dit, entrons dans le vif du sujet :

    Affaire : Mme Virginie G. c/son époux.

    Objet : Contrôle de l'emploi du temps durant le temps libre de Monsieur et principalement après ses heures de travail.

    Elle se présente à la porte de mon bureau, dès l'ouverture, sans prendre rendez-vous et demande si je peux de suite la recevoir.

    Lorsque je lui demande : c'est à quel sujet ? la réponse est évidente : pour raisons personnelles.

    C'est une femme blonde, la quarantaine, que je prie de s'installer face à moi. Je la vois hésiter, un pas en avant, un pas en arrière, s'assoit sur le siège et ne sait apparemment pas par où commencer.

    Je lui propose un café et prie Cerise (ma collaboratrice) de l'apporter.

    Elle semble apprécier mon geste et va commencer à se détendre, enlever son manteau qu'elle pose sur ses jambes, s'installer confortablement au fond du siège, pose ses mains sur mon bureau et se lance.

    Elle veut d'abord connaitre les tarifs de l'agence pour une filature d'ordre privé.

    Elle souhaite m'engager pour suivre son époux qu'elle soupçonne de la tromper, les relations du couple ne sont plus ce qu'elles étaient, il n'y a pas encore si longtemps.

    Ils sont mariés depuis près de vingt ans (à l'époque des faits), ont élevé deux enfants, âgés au moment de sa visite de 20 et 18 ans, une fille Julie qui vit aujourd'hui avec son copain de cinq ans son ainé dans un coquet appartement du Marais, tous deux travaillant dans la communication et ayant décidé de se marier d'ici deux ou trois ans. Christophe, le second enfant, suit ses études de médecine et habite en colocation avec deux élèves de la même promotion, dans un appartement mis à leur disposition par les parents de l'un d'entre eux, tout près de la Porte de Champerret.

    Ma future cliente travaille dans l'administration et son époux est chauffeur de bus à la RATP, ses horaires habituels étant de 6 heures du matin à 14 heures tous les jours de la semaine, ce qui pourrait lui laisser le temps d'aller voir ailleurs pendant que son épouse est, elle encore, à son poste de travail, malgré les horaires assez souples de 9 heures à 17 heures, ce qui la fait rentrer chez elle vers 17h30, son lieu de travail se trouve à trois stations de RER de son domicile.

    Je lui pose les questions sur sa vie commune auxquelles elle répond sans hésitation, me dit qu'elle s'ennuie depuis que les enfants sont allés s'installer chacun de leur côté, qu'elle traine un peu souvent après son travail pour passer le moins de temps avec Georges, qu'ils ont décidé de faire chambre à part depuis déjà plusieurs mois, tout cela pour ne pas déranger sa femme lorsqu'il se lève tôt, que les relations sexuelles n'existent presque plus ou pratiquement plus, enfin qu'elle a de sérieux doutes sur sa fidélité, qu'il fait dorénavant attention à ce qu'il porte comme vêtement, qu'il se rase de près tous les jours, qu'il s'est remis au sport et qu'il a perdu une bonne dizaine de kilos.

    Enfin, tous les soirs, juste après le diner, il ne pense qu'à une seule chose : aller dormir pour être en forme dès son réveil à 4 heures 30 le lendemain.

    Pour ma première enquête privée, cela ne me semblait pas, pour l'instant, très compliqué, ma mission était de suivre Monsieur Georges, de la sortie du parking RATP de la porte d'Orléans jusqu'à son retour au domicile, cela pendant tous les après-midi de la semaine.

    Je calcule le temps nécessaire, lui établit un devis et le lui présente. Elle accepte sans rechigner. Un contrat est établi en bonne et dûe forme et la dame Virginie me verse l'acompte pour démarrer cette affaire dès le lundi qui vient.

    Lorsqu'elle se lève pour prendre congé, elle me dit : Monsieur, il faut absolument trouver que mon mari me trompe, absolument.

    Lundi 18 octobre

    14 h 00 : Mise en place en regard du véhicule du surveillé, garé dans le parking réservé au personnel de la RATP

    14 h 05 : Monsieur Georges prend place à bord de son véhicule de type Honda Prélude, gris clair et se dirige vers la sortie.

    Je remets le casque sans avoir eu le temps de l'attacher, monte sur mon scooter, un Beverly 125 cm3 Piaggio, démarre et suit la voiture grise qui prend la direction opposée à son domicile. Madame avait-elle donc raison ?

    Il ralentit dans le quartier de la gare du Nord et cherche une place pour se garer.

    Je dépose mon scooter, enlève mon casque, le met dans le top case et attend qu'il sorte de sa voiture pour engager la filature.

    Il se rend à l'horodateur, prend un ticket, le dépose bien visible pour les contractuelles, je remarque que le ticket marque deux heures de stationnement, il se rend ensuite d'un pas tranquille vers le cinéma le plus proche où sont projetés des films classés X, prend un billet, je fais de même,  il entre s'installer à la place de son choix, j'ai également le choix de m'installer où je veux. La salle comprend environ 80 places et je compte 4 personnes, Monsieur Georges inclus.

    Cette salle de cinéma a la caractéristique de passer le film en boucle, du début de l'après midi jusqu'au soir, ce genre de salle était chose courante dans les années 70-80 et je m'étonne du montant de la recette en fin de journée, si l'on compte 5 personnes par séance, enfin ce n'est pas à moi de leur dire ce qu'il faut faire en matière de rentabilité.

    Cet après midi de Lundi ne fut pas palpitant, Monsieur Georges ne rencontre personne, il reste seul à regarder son film, se lève au mot fin, sort, reprend son véhicule et entre directement à son domicile où il va arriver, malgré une circulation dense aux alentours de 17h30.

    Aucune constatation de tromperie ou de rencontre extra conjugale durant cette séance de cinéma, je remarquais uniquement qu'il devait se caresser durant toute la projection du film.

    J'ai continué à contrôler son emploi du temps le lendemain après-midi mardi, le mercredi et le jeudi matin, je décide d'appeler ma cliente pour lui rendre compte des premières investigations et lui dit au téléphone que ce n'est pas la peine pour moi de poursuivre, car mon analyse me permettait d'apporter des conclusions à cette affaire.

    Je propose un rendez vous pour 18 heures ce même jeudi à mon cabinet.

    Je prépare mon rapport circonstancié dans l'après-midi et attend patiemment l'arrivée de ma cliente.

    A l'heure juste de 18 heures, la cliente sonne à ma porte, Cerise étant partie je vais ouvrir, c'est une autre femme qui se trouve devant moi, quand je dis autre, c'est que je ne reconnais pas ma cliente, rouge sang sur les lèvres, les yeux bien maquillés, les cheveux blonds attachés en arrière, bien serrés.

    En tous les cas, elle semble plus détendue. Elle me serre la main, me demande si je vais bien, entre dans mon bureau sans que je l'invite à le faire, ôte son manteau et s'installe sur le siège face à moi, avant même que je ferme la porte pour être plus au calme.

    Alors, Monsieur le détective, qu'avez vous à me dire, comment se sont passées ces quelques après midi ? pourquoi avez vous décidé de stopper ? qu'avez vous trouvé ?

    Pendant la lecture de mon rapport, à la fin de chaque passage, je relève la tête et remarque à chaque fois son étonnement.

    La couleur de son visage changeait au fur et à mesure de mon avancement dans la lecture du document, elle se crispait de plus en plus.

    Elle me laisse le temps de conclure et m'invective en disant que j'ai mal fait mon travail, que c'est inacceptable de lui avoir fait un rapport tel que celui-ci, que je n'ai pas été au fond des choses, que j'ai dû louper quelque chose, enfin elle remettait ma parole en doute.

    Elle était sûre que son mari la trompait avec une autre femme.

    Je lui disais la vérité et elle refusait de me croire, mettant mon travail et ma parole en doute. Quoi faire ?

    Elle est donc déçue, je la rassure et lui dit que c'est mieux ainsi, qu'il lui faut trouver les moyens pour se rapprocher à nouveau de son mari, lui proposer de sortir, d'aller au restaurant, voyager quelques jours, etc...

    Son regard change aussitôt, je retrouve la femme qui se présenta à moi la toute première fois, elle redevient glaciale, dit qu'elle va faire appel à un autre détective qui lui va sûrement trouver.

    Finalement, il lui fallait trouver absolument une relation extra-conjugale à son mari et je ne sais vraiment pas pour quelle raison elle s'obstine.

    Elle sort son chéquier, me demande de combien est le solde de la facture qu'elle me règle d'une écriture rapide, pose le chèque devant moi, se lève aussitôt, me salue d'un geste de la main et quitte le bureau rapidement sans se retourner.

    Que pouvais-je faire d'autre que de lui dire la vérité, je vous avoue avoir été un peu déçu du comportement de ma première cliente, j'étais persuadé qu'elle allait être contente et pouvoir trouver des solutions à ses problèmes de couple.

    Je n'ai aucune nouvelle de la dame Virginie jusqu'à un Jeudi du mois de septembre de l'année suivante, soit près d'un an jour pour jour.

    Cerise m'informe avoir donné rendez-vous pour 17h30 ce même jour.

    Toujours à l'heure, Madame Virginie pénètre dans mon bureau.

    Une fois installée, elle me demande si je me souviens d'elle, s'excuse de son comportement lors de notre dernière entrevue et me dit qu'elle ne vient pas tout à fait pour la même chose.

    Je la laisse s'exprimer pendant un long moment, je comprends que cela ne va toujours pas très bien entre Georges et elle, pourtant à la voir, j'avais pensé le contraire.

    Madame Virginie avait pas mal changé, des vêtements aux couleurs différentes, les cheveux lachés et bien tenus, maquillée comme une princesse, les ongles bien faits, Virginie était devenue une "femme du monde". Elle ne va pas trop tourner autour du pot et demande d'accepter de suivre un autre bonhomme que son mari, me prie de ne pas la juger, et me raconte son histoire :

    - Lorsqu'elle s'était présentée à mon agence en octobre dernier, elle débutait une relation avec un autre homme dont elle était tombée follement amoureuse, elle pensait qu'en venant me voir, j'allais forcément trouver que son mari entretenait une relation avec une autre femme, ce qui lui permettrait (à Virginie) de vivre un nouvel amour sans difficultés. Sauf que son mari ne la trompait pas. Qu'elle se retrouvait fautive d'avoir eu une autre relation avec ce nouvel homme, qu'elle ne pensait pas pouvoir tomber amoureuse encore une fois, qu'elle avait mis de côté les sentiments, etc...

    Je comprenais qu'elle essayait de se justifier d''avoir trompé son mari, mais que pouvais-je faire, moi, de mon côté, ?

    Elle arrive au fait, qu'aujourd'hui elle aimerait que je surveille son amant, savoir s'il avait quitté sa femme comme il le prétendait, s'il n'avait pas d'autres aventures, etc...

    Je me trouve dans une situation inhabituelle, quelle est la légitimité de cette demande ?, est-ce que suivre un autre homme que son mari était correct à faire ?. Il fallait que je me renseigne.

    Elle va insister pour me rassurer en me disant que la mission restera entre elle et moi, qu'elle voulait juste savoir, qu'elle prendrait sa décision juste après cette affaire pour en parler ou pas à son mari.

    Ne croulant pas trop sous les affaires du cabinet, j'accepte cette mission.

    Madame Virginie m'avait engagé pour une semaine, samedi et dimanche inclus, sans me donner de précisions.

    Je mets en place une surveillance aux abords du domicile de l'amant dès le lundi suivant.

    La personne que j'étais chargé de surveiller, âgé d'une soixantaine d'années, bien portant, les cheveux très courts, ancien militaire à mon avis, sortait de son domicile dès le jour levé, vêtu d'un short, tee shirt et portant des baskets et partait en courant faire un jogging pendant plus d'une heure. Ensuite, il passait à la boulangerie prendre du pain et entrait chez lui d'où il ressortait à 11 heures 30, précisément.

    Il portait très souvent le costume, chemise claire sans cravate, chaussures en cuir cirées, il donnait l'impression qu'il partait pour le travail.

    Eh bien, je vais être très vite surpris.

    Il va rencontrer dans le centre de Paris, ce premier jour de surveillance et ce premier jour de la semaine, une belle femme brune, qui l'attend devant un hôtel restaurant de la porte Maillot et vont donner l'impression d'entrer pour déjeuner, sauf qu'il vont directement à l'accueil de l'hôtel, mon surveillé semblait avoir l'habitude de fréquenter ce lieu, le concierge lui remet une clé et le couple emprunte l'ascenseur pour monter au second étage.

    Je me rends compte très vite que c'est dans une chambre qu'ils se sont rendus et ils vont rester près de trois heures.

    Je les vois ressortir quelques heures plus tard, la femme a cette fois les cheveux attachés. Lorsqu'ils passent devant moi alors que je me trouvais dans le hall de l'hôtel, le parfum de cette dame me reste accroché au nez.

    Il va la raccompagner pendant quelques mètres et vont se séparer après lui avoir posé un baiser dans le cou. il va partir sans se retourner, semblant safisfait de son après midi.

    Puis, il va se rendre dans une cité militaire vers Balard, il va entrer et les gardes me refusent logiquement l'entrée.

    Il ressort à 16 h 30 pour reprendre le chemin de son domicile où il va arriver à 17 heures précises.

    Je retourne de mon côté à mon bureau et reporte tout ce que j'ai pu constaté de cette journée.

    Le lendemain mardi, me voilà posté en face de son domicile à 7h30 comme la veille.

    Comme la veille, je le vois sortir portant les mêmes affaires, il va partir courir et revenir avec son pain.

    Comme la veille et à 11h30, il sort de son domicile, costume sombre et chemise bleue, sans cravate.

    Il emprunte comme la veille les transports en commun et va descendre à Chatelet.

    Je le vois se diriger vers une femme aux cheveux courts, brune et mince, ils s'embrassent furtivement, se prennent la main et entrent rapidement dans un hôtel, dont l'entrée est entre deux restaurants.

    Ils donnent l'impression qu'ils vont aller manger et se dirigent vers le bonhomme de l'accueil, la femme restant en arrière, le Jean Claude prend une clé et montent ensemble le petit escalier qui mène aux chambres.

    15 h 00 : Je les aperçois sortant de l'hôtel, se faire la bise avant de se séparer et Monsieur part en direction de la station de métro pour descendre à la station Balard, se rendre ensuite à la cité militaire et ressortir à 16h30 pour reprendre, d'un pas rapide, le chemin de son domicile.

    Mercredi : Mise en place du dispositif qui devient habituel à proximité du domicile de l'amant de Virginie.

    Mais ce mercredi, je vais constater que la personne qu'il va rencontrer est notre propre cliente.

    Du moment où je me suis rendu compte que c'était Virginie qu'il voyait, j'ai levé le pied et simplement constaté l'heure de sortie de l'appartement destiné aux ébats amoureux par le couple adultérin et le retour au domicile de Jean Claude.

    Constatations à ce stade de l'enquête :

    L'amant habituel de Virginie a plusieurs maitresses, une le lundi, une le mardi, Virginie le mercredi et peut-être encore une le jeudi et les jours suivants.

    Je poursuis mon enquête et me place comme d'habitude les jours suivants aux heures prévues pour la filature.

    Eh bien, je vais me tromper et constater que le Jeudi et le Vendredi, Monsieur Jean Claude ne va pas rencontrer d'autres femmes, mais faire des courses et se promener avec son épouse, eh oui Mr Jean Claude est marié avec une jolie femme avec qui il semble couler des jours heureux.

    Je vais comprendre beaucoup plus tard que cette dame est absente de son domicile du dimanche vers 17h au Jeudi matin, ce qui laisse à Mr Jean Claude le temps de batifoler les autres jours.

    Je vais passer également le week end à contrôler l'emploi du temps de cet amant, qui ne bougera pas d'une oreille durant ce samedi et ce dimanche, malgré son allure de macho.

    Que va penser la dame Virginie du compte rendu que je vais lui montrer le lundi d'après ?

    J'avais comme l'impression qu'elle était persuadée être l'unique maitresse de ce bel amant, alors comment va-t-elle prendre la chose ?

    Lorsqu'elle est dans mon bureau, dès le lendemain de la fin de mission et à la lecture du compte rendu, elle va se mettre à pleurer à chaudes larmes. Elle y croyait à cette relation extra-conjugale, elle avait cru à tout ce que Jean Claude lui avait dit : Qu'il l'aimait, qu'il allait quitter sa femme, qu'il ne voyait qu'elle, qu'il n'avait pas beaucoup de temps à lui consacrer pour l'instant, que cela allait changer, que sa femme était souffrante et qu'il ne fallait pas lui dire les choses trop brutalement, et blablabla...

    Virginie était tombée follement amoureuse de Jean Claude, car elle croyait fermement tout ce qu'il lui racontait. Ce fut ma première cliente, mais je me posais la question : comment se fait-elle qu'elle soit tombée amoureuse en voyant son "homme" seulement le mercredi après-midi, je ne comprenais pas.

    Elle me demande de lui garder toutes les pièces du dossier, qu'elle va rentrer chez elle, qu'elle va réfléchir à cette situation, qu'elle va le rencontrer le mercredi comme cela était prévu et qu'elle viendrait ensuite pour en parler.

    Cerise m'informe que Madame Virginie G. a pris rendez vous pour me voir le Jeudi, toujours vers 18 heures.

    On dit que l'amour est aveugle, en tous les cas, c'est le comportement et la réaction de Dame Virginie qui me font penser cela.

    Cette fois ci, Dame Virginie va me parler beaucoup plus longuement, revenir sur la rencontre avec son mari, les premières années de la vie commune et des relations tendues avec sa belle-mère, ensuite les grossesses, les enfants, leur éducation, enfin elle refait sa vie dans mon bureau, Madame Virginie avait envie de tout me raconter, elle déballait sa vie privée sans trop de gêne, ses phrases étaient de temps en temps entrecoupées de "je vous ennuie avec mes histoires", mais non elle m'ennuyait pas, j'avais tout de même envie de comprendre le pourquoi de sa nouvelle relation amoureuse, et surtout pourquoi avoir cru à tout ce que son amant lui a raconté.

    Deux heures étaient passées, et Virginie (je finis par l'appeler uniquement par son prénom) mais en la vouvoyant, toujours en l'écoutant, son histoire était intéressante malgré ses déboires amoureux, elle avait un bon boulot, de bonnes relations avec ses collègues, les commerçants de son quartier et aussi avec les voisins.

    Je luis proposais de boire un verre, elle accepta en me disant que cela va l'aider pour oublier.

    Je sors de mon tiroir la bouteille de whisky et deux verres.

    eh oui, le cliché du détective avec sa bouteille de whisky et son vieux chapeau.

    Je remplis les verres et lui en propose un, elle va boire son contenu beaucoup plus vite que moi qui prend le temps de le déguster et elle va reposer son verre près de moi, me montrant qu'elle en veut bien encore un. Je lui remplis son verre et lui fait remarquer que ce sera le dernier, même si je savais pertinemment que son domicile n'était pas trop loin et s'il le fallait je pourrais la raccompagner.

    Lorsqu'elle venait me voir, j'étais loin de penser que Virginie pouvait boire du whisky, je pensais bien qu'elle pouvait aimer boire du vin pour accompagner ses repas, mais de là à boire du whisky aussi rapidement.

    L'alcool commençait à faire son effet - je n'avais pas l'habitude - malgré ce que l'on peut penser. Pour tout vous dire, lorsque j'ai sorti la bouteille du tiroir, elle était à 3/4 pleine, et je me souviens l'avoir acheté il y a plus d'un mois.

    A chaque fois qu'elle portait son verre à ses lèvres, je faisais de même, moi je trempais mes lèvres pendant qu'elle buvait une gorgée, eh bien malgré cela, je sentais qu'il fallait que j'arrête de boire (ce soir là) car je pouvais peut-être raconter n'importe quoi.

    N'importe quoi, ce fut elle qui commença à dire n'importe quoi.

    Je la laissais parler, mais je savais qu'il ne fallait pas trop que j'entre dans son jeu.

    Devinez ce qu'elle a voulu que je fasse ?

    Elle voulait que je lui rende service, moyennant une grosse somme d'argent.

    Elle voulait monter un stratagème pour aller tuer son mari : oui, vous avez bien compris !!, tuer son mari.

    Là je n'avais plus envie de rigoler et commençait même à avoir peur d'elle, ne serait-ce pas l'effet de l'alcool ? en tous les cas, je pouvais penser qu'elle aurait oublié une fois rentrée chez elle.

    Je la priais donc de quitter le bureau, prétextant le fait que ma femme et mes enfants m'attendaient pour passer à table et lui proposait de la raccompagner jusque chez elle.

    Dans la voiture, tout le long du trajet, elle insistait en me disant qu'elle n'était pas ivre et qu'elle voulait que je l'aide à tuer son mari.

    Elle me demande de stopper mon véhicule à une vingtaine de mètres de son domicile, ne voulant pas prendre le risque que son mari la voie descendre d'un véhicule qu'il ne connaissait pas. Juste avant de descendre, elle réitère son souhait de se débarrasser de son mari.

    Je démarre une fois que Virginie pousse le portail de chez elle, sans hésitation et sans avoir titubé un seul instant.

    Pendant le trajet du retour, je n'étais pas très bien, je réfléchissais à ce que je devais faire,  passer peut-être par le commissariat pour raconter tout cela, mais j'avais bu moi aussi, ils pourraient me mettre en cellule de dégrisement, je n'avais pas envie de prendre ce risque, mais je n'étais pas content de mes réactions, il fallait absolument dès le lendemain matin trouver quelque chose à faire. Je rentrais donc à la maison et mes proches se sont rendus compte que quelque chose n'allait pas. J'ai mis tout çà sur le compte de l'alcool, j'ai vite mangé le bon plat encore chaud et suis allé me coucher sans rien dire d'autre.

    La nuit fut agitée, il m'était impossible de dormir, je ressassais la conversation avec Virginie, pendant toute la nuit.

    A 7 heures le lendemain, j'étais déjà au bureau, alors que j'arrivais en général vers 9 heures le matin.

    Le répondeur de la société clignote, j'écoute les deux messages.

    Le premier laissé à 2h30 du matin par Virginie, disant qu'elle ne changeait rien à tout ce qu'elle m'avait dit, le second à 4h50, toujours de Virginie disant qu'elle passerait me voir entre midi et deux, au moment de sa pause.

    12H05 : La dame Virginie est devant ma porte, pas maquillée, le sourire effacé, une sale gueule. Je la fais entrer et lui demande ce qu'il se passe dans sa tête pour être aussi têtue.

    Elle va insister en me faisant croire que c'est une femme battue, qu'elle ne peut plus sortir sans que son mari lui pose des questions, qu'elle ne peut même pas tirer de l'argent car son époux lui a enlevé sa carte bancaire, qu'il la harcèle toute la journée et même sur son lieu de travail à lui poser les mêmes questions. Elle n'en peut plus !!!

    Une nouvelle fois, je vais tenter de la rassurer, en lui conseillant de voir tout cela avec un thérapeute, d'en parler à ses enfants, de tenter de raisonner son mari, de lui dire que vous êtes prête à faire des efforts, etc.. etc..

    Elle ne veut pas démordre. Son idée l'obsède. Elle veut que je l'aide à trouver le moyen de se débarrasser de son homme.

    La nuit avait tout de même porté conseil : elle, n'avait pas changé d'avis et moi j'avais pensé à appeler mon ami Yvan des R.G. pour lui en parler et j'ai eu donc l'idée pendant que Virginie se trouvait dans mon bureau de composer le numéro de téléphone d'Yvan et lorsqu'il décroche, je dis : Salut, c'est moi, tu vas bien ? ... ? oui je vais te passer une cliente qui est actuellement en face de moi, tu vas l'écouter sans l'interrompre et ensuite tu lui diras ce que t'en penses. Et je tends donc le combiné à Virginie, je mets le haut parleur, en lui disant qu'elle peut parler en toute confiance à mon ami et qu'il va s'occuper de son affaire.

    En toute confiance, ma cliente prend le téléphone et lui racontes sans prendre un temps d'arrêt son histoire et son envie d'en finir avec son mari.

    Comme promis, Yvan la laisse parler jusqu'au bout et je l'entends lui dire :

    - Madame, je pense que Monsieur COHEN a toutes vos coordonnées ? A quel moment de la journée seriez vous à votre domicile ? et de finir par lui dire : Ne vous inquiétez pas, rentrez chez vous et attendez nous, nous arriverons à 17h30.

    Virginie me remercie en pensant que mon ami allait l'aider à exécuter son mari et me quitte pour retourner à son travail.

    Je rappelle Yvan et il me dit qu'il est obligé, en tant que représentant et défenseur des lois, de faire intervenir les urgences psychiatriques et je vais bien évidemment dans son sens.

    Le soir même, je suis prévenu par mon ami, qu'une ambulance avait pris en charge la dame virginie, alors qu'Yvan entendait son mari à l'intérieur de la maison.

    Monsieur Georges disait qu'il trouvait sa femme surmenée, raconte qu'il n'est pas toujours tendre avec elle, qu'il devrait prendre un peu plus de temps à l'écouter, à lui proposer des sorties, voyager etc...

    Enfin, il reconnait se comporter "trop" souvent comme un goujat !!

    Yvan lui fait promettre et Monsieur Georges s'engage à faire des efforts de comportement et de considération envers son épouse.

    Virginie fut soignée pendant une petite semaine où elle passait le plus clair de son temps à dormir "elle en avait vraiment besoin", sortit ensuite et retrouva son foyer dans lequel son mari avait profité de l'absence de sa femme, pour faire quelques modifications et redonner de la lumière dans cette maison.

    Il fut également aux petits soins avec Virginie, il fit des efforts pour la reconquérir, lui promit de l'aimer et de continuer sa vie avec elle : en sortant, voyageant, passant beaucoup de temps à ses côtés.

    Je n'eus plus de nouvelles du couple pendant plusieurs mois et c'est récemment que je les ai rencontré, Virginie et Georges, bras dessus bras dessous, comme de jeunes amoureux.

    Virginie me fit la bise et me dit à l'oreille ""Merci beaucoup pour tout ce que tu as fait pour moi"

    Voilà ce que fut une de mes enquêtes avec MA toute première cliente.

     

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  • PROFESSION : Détective Privé par aadetect

    Etre détective privé de nos jours passe obligatoirement par une formation dispensée par l'une des trois écoles reconnues en France et qui sont l'IFAR, la faculté de Nîmes et Panthéon Assas de Melun.

    De plus, cette profession est régie par des lois et encadrée par la Haute Autorité qu'est le CNAPS qui a remplacé les services de la réglementation générale des Préfectures chargées, il y a encore peu de temps, de délivrer l'agrément d'exercer ce métier.

    A mon époque, au début de la dernière décade du vingtième siècle, il suffisait de n'avoir jamais été condamné et donc de posséder un casier judiciaire vierge, pour s'installer comme "Privé" et avoir cet agrément de la Préfecture de sa région.

    Cela dit, comme dans tout métier, certains passaient entre les mailles des filets, s'installaient sans autorisation, faisaient un peu de plublicité sur le minitel, prenaient une page entière chez ODA (office des annuaires) pour appâter les clients et le tour était joué.

    Heureusement pour nous cela a changé dès l'année 2005 par la sortie de ces nouvelles lois et tous "les voyous" se sont retirés d'eux mêmes sans demander leur reste.

    Pour ceux que cela intéresse, l'obligation de passer par ces écoles est aujourd'hui en vigueur. Pour être Détective Privé, je dirais pour être Agent de Recherches Privées, car c'est le terme utilisé dorénavant pour nous faire reconnaître, il faut avoir son Baccalauréat + 2, de préférence dans le Droit, pour être sélectionné dans l'une de ces écoles.

    Il y a bien évidemment des exceptions : avoir été dans la police ou la gendarmerie ou bien même convaincre le staff par sa motivation.

    Vous trouverez toutes les explications et les différentes démarches sur la grande toile du net.

    Je vais vous parler de mon propre parcours :

    Après plusieurs petits métiers et formations, je décidais de travailler dans la comptabilité et j'effectuais une formation diligentée par l'AFPA de Vénissieux, en tant qu'interne, pour avoir le Brevet de Comptable-dactylo obtenu "avec petit succès", car très attiré par toutes les filles du centre de formation. Je sortais tout juste de l'armée, après avoir été "un planqué" comme me le répétait sans cesse mes amis, donc après 1 an passé aux frais de l'Etat, je m'inscrivais dans ce centre pour apprendre le métier de Comptable-Dactylo.

    Ce diplôme en mains, il fallait que je fasse mes preuves. J'ai passé et réussi des concours dans différentes administrations comme EDF ou la CAF, j'ai travaillé quelques années dans le privé, je me suis marié une première fois et comme cela ne se passait pas comme je le pensais dans ma vie de jeune marié et pour fuir cette situation, je décide de tout quitter pour monter m'installer dans la capitale. J'ai 30 ans.

    Je trouve rapidement du travail dans un cabinet d'expertise comptable de la Porte St Martin, je dors chez les copines du moment mais continue de chercher un appartement et un travail mieux rémunéré.

    Au début des années 80, il y avait du travail pour tout le monde, je ne connais pas le chomâge, je quitte un emploi pour trouver un autre dès le lendemain, enfin je trouve le poste qui me convient parfaitement : Comptable unique dans une société qui fait de l'import-export, dans le 13e arrondissement. Bon salaire et bonne ambiance.

    La boite s'est développée, les affaires prospérent et le patron décide d'agrandir son activité en prenant des locaux dans la zone industrielle d'Orly Sénia, à deux pas du centre commercial Belle Epine.

    Qui dit grandir, dit embauche de personnel supplémentaire.

    Mon patron, avec qui je m'entends bien, me donne carte blanche pour m'occuper des embauches. Il me faut trouver des personnes pour le magasin, deux livreurs et me touchant d'un peu plus près, du personnel administratif et comptable.

    Je deviens chef comptable et embauche 4 personnes sous mes ordres.

    Je dispache les tâches et je garde pour moi le travail le plus intéressant à mes yeux : la compta clients, pour le contact direct avec la clientèle.

    Je suis de toutes les décisions, mon avis compte pour le patron et veut connaitre ma position dans tous les choix importants.

    Un matin, lorsque j'entre dans mon bureau, stéphanie, ma collaboratrice directe, m'informe d'une traite revenue impayée de 350.000 francs de l'époque.

    Je tente rapidement d'avoir ce client au téléphone sans résultat.

    Je frappe à la porte du bureau du patron et lui fait part de ce désagrément.

    Il me dit aussitôt que je suis assez grand et costaud pour récupérer cet argent et que je peux me déplacer comme bon me semble pour rendre visite à ce client indélicat.

    J"essaie en vain de l'avoir toute la journée au téléphone sans obtenir de réponse, pendant que Stéphanie réservait pour moi un vol pour le lendemain matin pour Nice. (le client est installé dans le sud)

    Et voilà, le commencement d'une véritable enquête se profile à l'horizon pour ma pomme !

    Je suis dès le lendemain matin à l'aéroport de Nice, je loue un véhicule et décide de me rendre à l'adresse où les machines étaient habituellement livrées.

    Bien entendu, le magasin était complétement vide de son contenu, plus aucun meuble à l'intérieur, vide. Quelques feuilles de papier étaient éparpillées sur le sol sale, l'enseigne a également été emportée.

    Sur la porte vitrée de l'entrée était collée une feuille A4 avec les horaires d'ouverture et de fermeture de la boutique.

    Je sonne à l'entrée de la maison située juste à côté du magasin et les occupants me disent être étonnés de ce qui s'est passé : "on avait l'impression que tout allait bien pour eux", de plus le taulier était très sympathique.

    J'ai pu noter que ce "taulier" que je connaissais, puisque je l'avais déjà rencontré sur un salon où ma boite exposait, conduisait une belle porsche 934 noire métallisée et que la veille encore, il était passé chercher son courrier.

    J'ai attendu toute la journée dans les parages et mon attente fut payante, Monsieur Gino arrive à bord de son véhicule, se gare juste devant, ouvre la porte et prend son courrier déposé à même le sol.

    Je décide d'aller à sa rencontre, l'appelle par son nom, ne me répond pas, fait rapidement demi tour sur ses pas et monte dans la voiture qu'il fait démarrer sur les chapeaux de roue.

    Je le prends en filature (la toute première), je vois qu'il fait tout pour me semer, prend la promenade des anglais à toute berzingue, entre dans un parking souterrain, ressort de l'autre côté et je le perds à cet instant précis.

    J'ai dans ma sacoche des documents le concernant : le contrat d'origine, les statuts de son entreprise et j'ai aussi la chance de trouver les coordonnées complètes de son domicile sur Mougins.

    Me voilà sur l'autoroute en direction de la sortie pour Mougins, je vais chercher pendant quelques minutes mon chemin et demander à un motard de la police nationale qui passait par là de m'indiquer le chemin, eh bien vous n'allez pas le croire, mais il veut bien me montrer le chemin et me demande de le suivre.

    C'est devant un grand portail noir qu'il me laisse, j'ai du mal à voir la maison d'où je me trouve.

    Il y a un petit emplacement quelques mètres plus loin où je vais stationner mon véhicule.

    Je descends, reviens à pied devant le portail, je sonne au visiophone et attend. Rien ne se passe, je n'obtiens aucune réponse.

    J'étais sur le point de repartir lorsque j'entends le vrombissement d'une voiture empruntant le chemin menant à ce grand portail, je me planque derrière un gros arbre et attend son arrivée qui ne tarde pas.

    La voiture est devant la maison, le portail automatique s'ouvre et la voiture entre dans la propriété. Le Gino a l'air pressé et n'attend même pas que la porte se referme. Je profite pour entrer à pied juste avant la fermeture automatique.

    J'ai suivi le chemin pendant près de 200 mètres et j'aperçois la voiture arrétée aux pieds des marches de cette magnifique maison, un vrai château.

    L'occupant est certainement déjà à l'intérieur.

    Je ne me dégonfle pas, même si pénétrer dans une propriété privée m'est interdit, je toque à la grande porte et je vois le Gino qui ouvre la porte, je m'attendais à ce qu'il hurle après moi, me salue chaleureusement, me demande comment je suis entré et ce que je suis venu faire là.

    Il me prie d'entrer dans son salon de 80 m2, me propose à boire et me dit qu'il va tout m'expliquer.

    Je vous avoue que je n'en mène pas large et me demande s'il ne me réserve pas le chien de sa chienne. J'attends sagement qu'il me serve un verre et qu'il s'installe.

    Nous sommes face à face, confortablement installés sur des larges fauteuils en cuir blanc, on trinque, on boit une petite gorgée et Gino m'explique tout simplement qu'il n'avait pas l'intention de nous planter, mais qu'il a préféré liquider son entreprise, en bonne et dûe forme, sans trop s'étaler sur les raisons.

    Sur ces bonnes paroles, il se lève, me prie de patienter et emprunte le long couloir de marbre en direction de je ne sais quelle autre pièce de la maison.

    Ayant un peu de temps devant moi, je détaille un peu les tableaux aux murs, un écran de télévision géant est fixé au mur, un système Dolby stéréo est visible, enfin je me dis qu'il ne manque de rien et qu'il doit certainement avoir les moyens de payer ses dettes.

    J'entends le bruit des pas de Gino qui revient dans le salon, il porte dans sa main une liasse de billets, pose le tout sur la table du salon et me prie de compter.

    Ce que je fais avec le sentiment d'avoir bien réussi mon intervention.

    Je compte et arrive à la somme de 150.000 francs. Il se rend compte de mon étonnement et tient à me rassurer en me disant que le reste sera réglé par un virement de sa banque.

    A ce moment précis, je suis content et quand même un petit peu inquiet. Il me remet 15 briques en espèces, ne me demande même pas de lui signer un reçu, met le tout dans une sacoche qu'il me tend et insiste pour que je termine mon verre, il me propose même de me raccompagner jusqu'au grand portail dans sa porsche.

    Arrivé à la voiture que j'ai louée et une fois à l'intérieur, j'appuie sur les fermetures de toutes les portes, pose la sacoche entre mes jambes et démarre rapidement pour me rendre dans la chambre que j'avais réservé dans un grand hôtel de la Promenade des Anglais.

    Je suis pressé d'appeler au téléphone Monsieur DUBOIS pour lui annoncer la bonne nouvelle, même si ce n'est pas la totalité de la somme dûe, je suis content de l'avoir au bout du fil.

    Il est fier de mon action et me propose de profiter de la région pour la soirée et de retourner sur Paris dès le lendemain.

    Eh bien, voilà ce qu'a été pour moi une enquête rondement menée et c'est ainsi que l'envie de devenir détective s'est déclarée en moi.

    Ce métier est le mien depuis le 1er janvier 1993.

    J'ai dit.

    Je suis à la disposition de toute personne souhaitant obtenir d'autres informations sur mon parcours professionnel et la conseiller ou la diriger vers les meilleures écoles de formation reconnues par notre profession et par le CNAPS.

     

     

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  • Les galères de Gisèle BONFILS

    Ce fut par l'intermédiaire d'une amie commune que madame BONFILS entra en contact avec moi cette fin de journée du mercredi.

    Elle insistait au téléphone pour que je passe la voir à son domicile après mon travail, c'était suivant le ton de sa voix, une affaire de la plus haute importance.

    Je l'appelais au moment où je décidais de quitter mon bureau et la prévenais que je serai chez elle un quart d'heure plus tard.

    C'est une femme brune, cheveux en arrière tenus pas un chouchou qui me prie d'entrer et me propose de m'installer dans le salon.

    Son intérieur est correct, des murs blancs, un halogène derrière un canapé d'angle, au fond de la pièce une table et six chaises bien rangées, une belle nappe colorée égaye cet intérieur.

    Elle va hésiter, parler de chose et d'autre, commencer par me dire : vous savez ce n'est pas facile de parler de ma vie privée, et pourtant..

    A la fin de notre entretien, plus d'une heure plus tard, je la quitte en lui promettant de lui adresser son devis pour la mission dont on a parlé.

    Je sors de l'immeuble complètement chamboulé par son histoire.

    De retour à mon bureau et après m'être posé, je réécris son histoire, reprend tous les détails, fait des plans et lui prépare son devis ...

     

    A très vite pour la suite.

     

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  • ESPION A TOUT PRIX ou Détective : les risques... par aadetect

    Depuis de nombreuses années, je prévoyais de raconter mon histoire, du plus profond que je me souvienne jusqu'à ces derniers temps.

    Je vais commencer donc par mon enfance au Maroc et à Casablanca en particulier, ville où j'ai vécu avec mes parents et ensuite la fratrie, de 1952 à 1964, ensuite notre arrivée en France en Juin 1964 et notre installation à Grenoble, près des montagnes et de la neige que je découvrais pour la première fois, mon parcours d'études, ma vie d'adolescent, de jeune adulte, le service militaire, les différents emplois occupés, mes aventures amoureuses, mon premier mariage, et..., jusqu'à mon désir de partir - d'abord avec l'idée de participer au développement d'Israel - ensuite mon installation à Paris au début des années 80, et puis tout le reste.

    Casablanca, la maison blanche, c'est la ville où j'ai vécu de mes 1 an jusqu'à 13 ans. Casa et tout précisément au 55 de la rue Lusitania, dans un appartement donné à ma mère par mes grands parents qui eux vivaient dans un superbe appartement de 15 pièces dans la rue d'Alger avec escaliers de marbre et grande porte en fer forgé. Nous, nous vivions à 6,  mes parents et nous les enfants, dans une pièce de 20 m2 où étaient disposés 3 sommiers sous lesquels trois autres sommiers que nous déplions tous les soirs avant de se coucher. Malgré la promixuité et le manque de place, je me souviens que des bons moments.

    Mon père avait récupéré une voiture rouge à pédales qu'il avait bien nettoyé et redresser la tôle un petit peu tordue et me l'a offerte le jour de mes cinq ans, eh oui ma première voiture j'en étais drôlement fier, il m'arrivait d'en faire dans la petite cour de l'immeuble et ensuite de la ranger dans le "garage" - le placard dans lequel mon père avait fait une petite place pour ma voiture, cela faisait partie de mes jeux favoris après l'école, l'école de Monsieur BASSAN, de la primaire au cm2, c'était bien l'école.

    Je me souviens du chemin que j'empruntais tous les matins pour me rendre à l'école, chemin que je faisais en compagnie de quelques copains, de chez moi en prenant la rue lusitania jusqu'en haut, ensuite je tournais à droite et l'école se trouvait à une dizaine de minutes. Le directeur de l'école avait la réputation d'un homme sévère, hurlant dès que l'on était en retard ou mal habillé, il contrôlait tout avant d'entrer dans la cour, les cheveux, les ongles, les mains. Je me souviens qu'il m'avait attrapé par le lobe de l'oreille, je ne me souviens plus pour quelle raison, mais qu'il m'avait soulevé et emmener jusqu'à son bureau pour me gronder. Ah ce Monsieur BASSAN. On apprenait beaucoup dans cette école en dehors du français qui était notre langue principale, on apprenait à lire et à écrire l'arabe, d'où mes petites connaissances dans cette langue, et évidemment tous les cours d'instruction civique, de calcul, de grammaire etc..etc.., il n'y avait pas que Mr BASSAN qui était sévère dans cette école, certains instituteurs avaient pour habitude, si un devoir n'était pas rendu par exemple, ou que je parle avec mes copains de derrière moi, me demandent de monter sur l'estrade, de tendre ma main droite ou gauche, selon les fois, et ils prenaient une grande règle en bois et me donnaient des coups sur la main en faisant compte les élèves jusqu'à 10 parfois plus ou bien de demander aux élèves punis, de poser les genoux sur cette fameuse règle et de rester ainsi de longues minutes durant. Pour info, je me souviens qu'un jour j'étais rentré plus tôt en classe et que j'avais cassé cette longue règle en plusieurs morceaux.

    Il y a aussi de très bons souvenirs au cours des récréations, j'avais un cousin qui avait deux ans de plus que moi et qui se trouvait bien évidemment dans les classes au dessus, à chaque fois que cela dérapait dans la cour, à chaque fois qu'un grand venait m'embêter, Félix mon cousin était prévenu et arrivait pour s'interposer. J'avoue en avoir un peu profité.

    Dans la rue Lusitania, je me souviens que l'entrée de mon immeuble (deux niveaux) portait le numéro 17 et qu'un jour on est venu changer le numéro pour mettre le 55, on nous avait dit que la rue s'agrandissait et qu'il fallait qu'ils changent le numéro.

    Les souvenirs de ma rue sont assez vagues, mais je me souviens que de ma fenêtre qui donnait sur la rue, je pouvais parler avec une petite copine qui habitait au second étage de l'immeuble d'en face, moi j'habitais le premier étage. Il nous arrivait de nous retrouver après l'école à parler et à se faire des signes car sa mère ne l'autorisait pas à sortir après l'école. A la droite de cet immeuble et légèrement à gauche vu de mon appartement se trouvait un four, où l'on déposait de grandes marmites solidement attachées et fermées avec du fil de fer, tous les vendredis aux alentours de 17 heures et que l'on venait chercher le samedi entre midi et 13 heures. Dans ces grandes marmites, on faisait cuire notre dafina, ah la dafina. Le plat typique du samedi midi que ma mère préparait dès le vendredi matin et qu'on mangeait toute la famille le samedi et même quand il en restait, c'était resservi le samedi soir.

    Il y avait dans ma rue un épicier, chez qui il nous arrivait de nous servir facilement en bonbons, je suis sûr qu'il le savait et de temps en temps il faisait semblant de nous courir après sans méchanceté. Son échoppe se trouvait au rez de chaussée d'un petit immeuble de 4 étages et dont les occupants, pour leur éviter de descendre, accrochaient un panier au bout d'une longue corde, dans ce panier se trouvait une liste des victuailles, et on les entendait souvent crier le nom d'ALI pour qu'il vienne prendre le petit bout de papier et remplir le panier et les clients pouvaient ensuite remonter le panier, c'était un moyen comme un autre de se faire livrer à manger.

    Pour ma part, cela ne me dérangeait pas de descendre lorsque mes parents me le demandaient chercher ce dont ils avaient besoin chez ALI.

    A une dizaine de mètres plus loin se trouvait une rue que l'on disait être la rue des Espagnols, dans cette petite rue qui rejoignait le grand boulevard qui était parallèle à notre rue se trouvait un marchand de beignets, rien que d'en parler j'ai le goût dans la bouche qui me revient, ces beignets que j'allais chercher par dix tous attachés à un morceau d'une feuille de palmier, ces beignets croustillants et bien chauds, l'huile qui dégoulinait jusqu'au retour à la maison. Dans ma rue, il y avait deux synagogues : la synagogue des Amzallag et la synagogue des algériens, qu'est ce qu'elle était belle cette synagogue des algériens, grande, avec des grands vitraux, j'ai retrouvé ce genre de synagogue dans paris et puis il y avait la nôtre, celle des Amzallag. Elle se trouvait au rez de chaussée de notre maison au 55 de la rue, pour rentrer chez moi j'étais obligé de passer devant la porte qui restait toujours ouverte et j'entendais les fidèles prier. Mon grand-père maternel était le fondateur de cette "choule", et donc portait son nom. Durant toute mon enfance, j'ai été bercé par tous les chants et les prières issus de cette synagogue, je n'avais pas besoin de m'y rendre, je savais à quelle prière ils étaient ou à quel passage de la torah ils étaient en train de lire, je reconnaissais même les voix des différents intervenants : tiens c'est Monsieur Azoulay qui chante, tiens c'est léon qui récite la amida. Je n'ai rien perdu de tout cela, des prières et de la religion, j'ai baigné dans tout cela, je connais certainement plus que certains qui se disent aujourd'hui "chomerim chabat", bon enfin c'est chacun de faire comme il l'entend tant qu'il ne vient pas m'obliger à faire ce qu'ils pensent bien pour moi.

    La synagogue des Algériens se trouvait dans un renfoncement dans la rue lusitania et en face de la rue Lacépède. La rue où se trouvait le terrain de basket, quand je dis terrain, on n'y avait pas le droit de jouer, c'était réservé aux grands matchs pro et l'entrée était payante. Mais on avait une combine pour assister à tous les matchs. La terrasse d'un immeuble du quartier donnait sur le terrain et Khadija acceptait de nous ouvrir pour que l'on puisse tous voir les matchs. Khadija était la personne qui rendait service à tout le monde, elle prenait le linge de la maison pour le laver et ensuite le faire sécher, de temps en temps elle aidait ma mère pour plumer le poulet ou pour faire la cuisine.

    En dehors du terrain de basket, il y avait un loueur de vélos et de mobylettes, la première fois que j'en ai fait, c'était le jour de l'anniversaire d'un cousin à moi, je devais avoir pas plus de 10 ans, j'avais l'impression que l'on allait vite, j'avais pris cette mobylette pour une heure et on avait fait plusieurs fois le tour du quartier à fond la gamelle.

    Il m'arrivait très souvent de passer par la rue Lacépède pour aller chez mes grands parents qui habitaient au 16 rue d'Alger, un immeuble rien que pour eux avec une grande porte en fer forgé et vitrée, une allée et des escaliers en marbre, un appartement d'une vingtaine de pièces, lorsque l'on jouait à cache-cache avec les cousins et ma cousine, il arrivait que celui qui était chargé de nous chercher cherche longtemps, j'aimais bien me cacher avec ma cousine céline - elle habitait rabat - et quand elle venait nous voir à casa, on s'arrangeait pour se voir le plus souvent et longtemps possible, je crois bien que j'ai été vite amoureux d'elle.

    Ce dont je me rappelle sur mes aventures amoureuses : Une fois, ma tante était venue voir ses parents en compagnie de ma cousine, ma mère avait proposé à sa soeur de laisser Céline dormir chez nous, elle a tellement insisté que ma cousine venait dormir à la maison, ma soeur avait 8 ans et moi 10 ans, céline est née la même année que moi et d'après ce que l'on disait nous étions considérés comme frère et soeur de lait. Un jour je me suis disputé avec un de mes cousins car céline lui avait dit qu'elle me préférait à lui et qu'un jour on se mariera. Plusieurs fois, lorsqu'elle venait à Casablanca, on se planquait dans la terrasse de la grande maison des grands parents et on dansait, etc..., pendant de longues heures. Tout le monde dans la famille disait que l'on se marierait un jour.

    J'ai quitté avec mes parents le Maroc en juin 1964 et Céline et sa famille arrivèrent en France en 1967 pour s'installer à Paris. Je ne vous dis pas la première fois que l'on s'est retrouvé, c'était une belle jeune fille de 17 ans et moi j'avais aussi 17 ans, on s'est beaucoup parlé mais elle avait déjà un petit copain avec qui elle s'entendait très bien, donc l'espoir s'est vite évanoui au bout de quelques jours de retrouvailles.

    Revenons à Casa et continuons dans la description des rues de mon voisinage.

    Au bout de la rue lusitania, en la prenant dans le sens de la circulation, quand je dis circulation, je dois un peu exagérer, plutôt des vélos et scooters, des carrioles tirées par des ânes, et de temps en temps une voiture, donc le sens de la circulation était du 55 de la rue en allant vers la rue des espagnols et la rue lacépède pour arriver au bout sur la place de Verdun et ensuite soit on allait vers le mellah, soit on contournait et on allait vers le centre ville de casa, là où se trouvent les grands magasins et les grands cinémas.

    Donc, place de Verdun avec son cinéma VOX où l'on passait des films hindous. Mon père m'a emmené quelques fois, la grande brasserie de l'angle où l'on mangeait des bons sandwichs aux merguez frites et on pouvait également rejoindre la rue d'alger, la rue de mes grands parents en longeant le trottoir de ce grand café de droite.

    Si l'on partait à gauche en sortant de notre rue, on pouvait rejoindre le boulevard d'Anfa, où habitait des cousins et si l'on continuait encore pendant une demi heure on pouvait arriver sur le haut des plages, Kon-tiki et les autres..., la majorité de ces plages privées étaient réservées à ceux qui pouvaient se le permettre, il n'est nullement question de dire que nous étions dans le besoin, mais nos parents travaillaient dur pour tous nous élever et nous apprendre les valeurs de la vie.

    La période de mon enfance au Maroc restera ancrée au fond de moi et comme dit Patrick Bruel dans l'une de ses chansons "Ya lil, habibi, ya lil", ces années ne peuvent pas être oubliées et lorsque certains de mes amis me demandent pour quelle raison je n'y suis jamais retourné, eh bien je réponds : "je préfère garder tous mes souvenirs tels que je les ai encore en mémoire et ne pas trouver en y allant les lieux de mon enfance, car je suis persuadé que des changements ont dû être effectués tout au long de ce demi siècle".

    La guerre d'Algérie a encouragé les juifs du Maroc à fuir.

     

    A bientôt pour la suite

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  • France 2 par aadetect

    Les ficelles du métier, Elie Cohen les connaît bien. Détective depuis plus de vingt ans, son histoire n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Son nom, pseudonyme d’un ancien agent du Mossad exécuté en Syrie en 1965, a été à l’origine d’une histoire – relatée dans "Espion à tout prix "– digne d’un roman d’espionnage. Toujours en activité, il reçoit Epoch Times dans son bureau dans le 1er arrondissement, et nous explique sa marque de fabrique dans un métier à rebondissement, encore mal connu du grand public.

     

    Comment êtes-vous devenu détective ?

    Elie Cohen : J’ai commencé mon métier par un concours de circonstances. J’étais comptable, et sur une occasion d’une traite impayée, mon patron a eu recours à moi. Il pensait faire appel à ma carrure, mais mon idée n’était pas de recourir à la force. J’ai pu récupérer une partie de l’argent. À la suite de cet événement, mon patron a dit sentir en moi une âme de détective privé. Il a voulu investir de l’argent pour me lancer. J’étais d’accord, et je suis parti sans aucune base.

     

    C’était en 1989. Deux ans plus tard, j’ai commencé à chercher des locaux, fait une étude de marché, puis je me suis installé.

     

    Quel type de client recevez-vous?

    Elie Cohen : Il vaut mieux ne pas partir sur l’idée qu’on ne fait qu’une seule chose. On ne pourrait pas vivre d’une seule spécialité – comme la concurrence déloyale. Il y a des particuliers qui viennent pour des affaires d’adultères, de garde d’enfants, de pensions alimentaires, d’abandon de famille, etc.. Ce sont les affaires que l’on pourrait appeler «régulières».  Je travaille aussi avec les entreprises, au sujet de vols au sein de l’entreprise, d’affaires déloyales, de contrefaçons, pour des vols de brevets, de détournement de clientèle,... J’ai aussi la visite d’avocats travaillant pour ces entreprises.

     

    Dans votre ouvrage, vous parlez de «ligne jaune». Par exemple, vous avez refusé une valise de billets, au nom du suivi de certaines règles. Avez vous une éthique personnelle?

    Elie Cohen : Mon code de vie se rapporte à l’expérience. Dans n’importe quel métier, si vous êtes sérieux, vous aurez des clients et votre société pourra durer. Les gens qui ne pensent qu’à l’argent n’y arriveront pas sur le long terme. Je me suis engagé à respecter le client, et à faire en sorte de lui apporter ce qu’il voudra, dans la limite de la légalité. Si on me demande d’écouter aux portes ou les téléphones, c’est illégal. Il faut savoir que le rapport que nous allons faire va servir à la défense de l’intérêt de mon client. S’il y a dans ce rapport quelque chose qui n’est pas correct par rapport à la loi, mon client perdra. Donc je dois rester dans les clous pour que tout se passe bien, pour le profit de mon client.

     

    Quelles sont les relations entre vous et l’avocat?

    Initia (stagiaire) : Un enquêteur et un avocat doivent pouvoir communiquer librement, il n’y a pas de secret professionnel entre eux. Ces métiers sont vraiment complémentaires.

     

    Elie Cohen : L’avocat a besoin des preuves fournies par le détective. Nous sommes sollicités parfois dans les enquêtes ou contre-enquêtes pénales. Par exemple, dans le contexte d’une instruction en cours auprès des services de police ou des juges, une cliente est venue me voir. Elle cherchait à démontrer qu’elle n’avait pas pu être à l’endroit où on l’accusait d’être à une période déterminée. Elle avait été condamnée à quinze ans de réclusion criminelle. Elle s’est battue pendant un an et demi en prison. À sa sortie, elle a cherché à clamer son innocence. Elle a fait appel à mes services. Nous avons réussi à apporter cette preuve : cela a suffi à l’avocat pour déclarer un vice de procédure dans le dossier, et ainsi, elle a été relaxée. Les quinze années de condamnation ont été annulées.

     

    Refusez-vous des affaires?

    Elie Cohen : Oui, ça arrive. Faire des écoutes, c’est illégal. Quand on vient me voir avec une mallette, je vous assure que cela peut être tentant, je n’ai pas à y réfléchir deux fois. Dans tous les cas, je refuse. Dans une affaire, une personne voulait que je suive son amant. Ensuite, elle a voulu que je suive son mari, puis, m’a redemandé de suivre son amant. Au bout de quelques années, elle est revenue me voir car elle voulait trouver une personne pour tuer son mari. Evidemment j’ai refusé!

     

    Vous refusez par instinct?

    Elie Cohen : Oui. Dans mon histoire [du livre Espion à tout prix], on a voulu que je suive un homme politique. Techniquement, on a le droit de suivre quelqu’un, mais suivre un homme politique je ne le ferai pas. Par exemple, dans l’affaire d’Olivier Besancenot : des personnes – que je ne connais pas – ont suivi sa femme, ont voulu savoir ce qu’elle faisait de son temps, etc. Quand les journalistes l’ont su, ils ont fait une grosse affaire là-dessus, en s’en prenant aux enquêteurs. Pourtant, il faut savoir que ce métier est très encadré et répond à des règles strictes. On passe par des formations, on obtient des diplômes. Cela nous protège également, car à une époque, on pouvait voir des annonces du type «je veux bien suivre votre femme pour 100 euros/jour». C’était illégal. Il y a aussi la question du respect...

     

    Quelles sont les qualités nécessaires pour être un bon détective?

    Initia : La curiosité. En France, c’est un vilain défaut. Chez le détective, c’est la meilleure des qualités. Etre polyvalent, avoir envie de savoir, il faut s’adapter aux situations. On ne peut pas se spécialiser, il faut savoir se renouveler, être créatif, persévérant et patient : les filatures peuvent durer longtemps. Il faut rester alerte! Il faut savoir communiquer. Savoir jouer un peu la comédie… l’enquêteur privé peut se grimer pour ne pas être reconnu lorsqu'il suit une personne.

     

    Elie Cohen : Mais  on ne peut pas usurper le titre d’une fonction.  Il faut aussi être discret et savoir se fondre dans la foule, être observateur. Je suis  grand, on me voit partout, mais on ne me repère pas. C’est plus dans l’attitude que par le physique. On se fond dans l’environnement.

     

    Par exemple, je peux récupérer beaucoup d’informations par les concierges, les gardiens d’hôtels. En parlant un peu… « J’aimerais acheter l’appartement du troisième étage». «Non, au quatrième il y a des gens qui font du bruit, au cinquième, les voisins ont des enfants… » Je sais tout, sans rien demander. Je conseille aussi de prendre des cours de théâtre chez Cocher. (rires)

     

    Y a-t-il des risques?

    Elie Cohen : Si vous êtes honnête et sérieux dans votre travail, il y a peu de risques. Dans une affaire, il a fallu retrouver de l’argent volé. Pour cela, nous devions creuser dans un jardin, car nous savions que l’argent s’y trouvait. Entre parenthèses, ce n’était pas tout à fait légal, mais l’essentiel était de le retrouver... On savait que c’était là, donc nous devions agir. La maison se trouvait en bordure de voie ferrée, il fallait passer un mur depuis la voie ferrée car de l’autre côté se trouvait l’entrée, surveillée par des chiens. Il fallait donc agir à 3 heures du matin, quand tout le monde dormait, sans lumière. On a réussi car on a trouvé une petite butte de terre en évidence. La chance nous a souri dans de telles conditions : on a trouvé 10 millions de francs dans un sac. Les personnes ont dû comprendre, le matin, mais ils n’ont rien pu faire, car c’était de l’argent qu’ils avaient volé.

     

    Le risque est calculé. On ne prend pas de risques inutiles. Je ne plongerai pas dans la Seine pour aller plus vite. Dans une filature de moto, je connais des professionnels, qui pour éviter de se faire repérer, pourraient rouler sur le trottoir. Je ne prendrai pas ce risque, il faut savoir calculer dans une juste mesure.

     

    La liberté d’un détective est-elle liée à la situation de son pays? Quelle est la relation entre les deux?

    Elie Cohen : On ne peut pas faire ce métier sans suivre les règles propres à la législation française. En Suisse ou en Espagne, il y a d’autres règles. En Espagne, ils ont plus d’autonomie, de capacité d’agir, leur fonction ressemble à celles des officiers de police, comme aux États-Unis : ils peuvent entrer dans un commissariat pour y consulter des dossiers. Nous, n’ayant pas le droit de faire certaines choses, nous n’avons aucun accès. Ici, vous pouvez courir. On est considéré comme un citoyen lambda. On a l’obligation de se comporter comme un citoyen, d’être même plus honnête que les autres. Si je vois quelqu’un se faire agresser, généralement, j’interviens.

     

    Si je vois une mamie se faire arracher son sac, je cours derrière le voleur. J’agis en tant que citoyen. En cas de braquage, si quelqu’un se mettait à tirer partout, je ferais comme les autres, je me planquerais (rires).

     

    En écrivant ce livre, cela m’a soulagé d’un poids, car cela m’avait fait beaucoup de mal à l’époque. Quand je l’ai écrit, je voulais pouvoir en faire un film.

     

    Les événements du livre ont lieu en 1999. Il est sorti en 2005. Cela vous a fait mal?

    Elie Cohen : En 2002, j’étais encore en plein dedans. J’ai été blanchi en 2002, mais l’histoire avait commencé en 1999. Ecrire était quelque chose de nouveau, cela m’a pris du temps. Après avoir fini mes premières épreuves, je les ai données à ma femme, qui m’a dit : «Vas-y, c’est bon». Cela m’a encouragé, j’ai décidé de la suite. Entre 1999 et 2002, j’ai été très affecté. Quand j’entendais des sirènes de police, je pensais qu’on venait pour moi.

     

    Je suis tombé sur des gens qui ne me respectaient pas, qui voulaient me faire tomber. Ils touchaient mon intégrité, ont voulu me faire passer pour un salaud... c’est ça que je n’ai pas supporté : je ne suis pas un salaud! (rires)

     

    Les gens de pouvoir…

    Elie Cohen : Les gens de pouvoir, un jour ou l’autre, se font prendre. On en voit des exemples dans l’actualité. Tous ceux qui sont dans le pouvoir, qui se disent qu’ils peuvent faire quelque chose. Clearstream… Quand on a le pouvoir, on peut effectivement faire ces choses là. Quand on n’a plus le pouvoir, on paye! Pour ma part, Je ne suis pas assez intelligent pour ça!

     

    Je n’ai pas ce pouvoir dans mon métier, je n’ai aucun pouvoir! Je fais juste mon travail. En ce moment, ce qui se passe en Syrie : c’est bien le pouvoir personnel des dirigeants qui leur permet de se maintenir. Si tout le monde le lâche, il pourra être tué. Dans l’histoire, ces exemples sont nombreux.

     

    La dédicace de votre livre est «Etre libre et de bonnes mœurs dans un pays libre».

    Elie Cohen : C’est une maxime qui me touche beaucoup. J’appartiens à une association humaniste, et j’ai voulu lui faire un clin d’œil. Je n’en parle pas ouvertement, cela montre aux gens que nous sommes dans un pays démocratique, on peut donc faire ce que l’on a à faire tout en respectant les coutumes et la tradition de ce pays.

     

    Y a-t-il des gens qui ont une connaissance incorrecte sur votre profession? Quel genre de concept ne comprennent-ils pas?

    Elie Cohen : Nous, les détectives, pouvons aider les autres. C’est un métier à part entière, ce n’est pas juste quelqu’un qui va fouiller dans les poubelles. Les informations récupérées peuvent servir : c’est cela qui sert aux clients.

     

    Initia : Pour se démarquer de cette image de simple voyeur, rappelons qu’au début, la profession consistait à protéger les commerçants qui se faisaient voler, aller à la recherche de leurs débiteurs, il y avait une vraie légitimité. Le détective protège les intérêts des personnes.

     

    Cela fait plus de vingt ans que vous exercez?

    Elie Cohen : Bien sûr, je pense à la retraite! Beaucoup de confrères, âgés, sont morts derrière leur bureau. Je profiterai de mes petits enfants, si j’en ai un jour! Mais J’aime travailler.

     

    J’ai des passions. Le golf, les femmes, ah non pardon (rires)! Je me lève chaque jour avec plaisir.

     

    Comment devient-on détective?

    Initia : Je suis en fac de droit à Assas. Il n’y a que trois formations en France. C’est un métier peu répandu, la formation se fait en deux ans. Le nom de la formation est DU enquêteur privé, licence professionnelle, sécurité des biens et des personnes, options enquêtes privés, ce qui donne le titre pour avoir l’agrément.

     

    Propos recueillis par Lucie Deng

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