• ESPION A TOUT PRIX ou Détective : les risques... par aadetect

    Depuis de nombreuses années, je prévoyais de raconter mon histoire, du plus profond que je me souvienne jusqu'à ces derniers temps.

    Je vais commencer donc par mon enfance au Maroc et à Casablanca en particulier, ville où j'ai vécu avec mes parents et ensuite la fratrie, de 1952 à 1964, ensuite notre arrivée en France en Juin 1964 et notre installation à Grenoble, près des montagnes et de la neige que je découvrais pour la première fois, mon parcours d'études, ma vie d'adolescent, de jeune adulte, le service militaire, les différents emplois occupés, mes aventures amoureuses, mon premier mariage, et..., jusqu'à mon désir de partir - d'abord avec l'idée de participer au développement d'Israel - ensuite mon installation à Paris au début des années 80, et puis tout le reste.

    Casablanca, la maison blanche, c'est la ville où j'ai vécu de mes 1 an jusqu'à 13 ans. Casa et tout précisément au 55 de la rue Lusitania, dans un appartement donné à ma mère par mes grands parents qui eux vivaient dans un superbe appartement de 15 pièces dans la rue d'Alger avec escaliers de marbre et grande porte en fer forgé. Nous, nous vivions à 6,  mes parents et nous les enfants, dans une pièce de 20 m2 où étaient disposés 3 sommiers sous lesquels trois autres sommiers que nous déplions tous les soirs avant de se coucher. Malgré la promixuité et le manque de place, je me souviens que des bons moments.

    Mon père avait récupéré une voiture rouge à pédales qu'il avait bien nettoyé et redresser la tôle un petit peu tordue et me l'a offerte le jour de mes cinq ans, eh oui ma première voiture j'en étais drôlement fier, il m'arrivait d'en faire dans la petite cour de l'immeuble et ensuite de la ranger dans le "garage" - le placard dans lequel mon père avait fait une petite place pour ma voiture, cela faisait partie de mes jeux favoris après l'école, l'école de Monsieur BASSAN, de la primaire au cm2, c'était bien l'école.

    Je me souviens du chemin que j'empruntais tous les matins pour me rendre à l'école, chemin que je faisais en compagnie de quelques copains, de chez moi en prenant la rue lusitania jusqu'en haut, ensuite je tournais à droite et l'école se trouvait à une dizaine de minutes. Le directeur de l'école avait la réputation d'un homme sévère, hurlant dès que l'on était en retard ou mal habillé, il contrôlait tout avant d'entrer dans la cour, les cheveux, les ongles, les mains. Je me souviens qu'il m'avait attrapé par le lobe de l'oreille, je ne me souviens plus pour quelle raison, mais qu'il m'avait soulevé et emmener jusqu'à son bureau pour me gronder. Ah ce Monsieur BASSAN. On apprenait beaucoup dans cette école en dehors du français qui était notre langue principale, on apprenait à lire et à écrire l'arabe, d'où mes petites connaissances dans cette langue, et évidemment tous les cours d'instruction civique, de calcul, de grammaire etc..etc.., il n'y avait pas que Mr BASSAN qui était sévère dans cette école, certains instituteurs avaient pour habitude, si un devoir n'était pas rendu par exemple, ou que je parle avec mes copains de derrière moi, me demandent de monter sur l'estrade, de tendre ma main droite ou gauche, selon les fois, et ils prenaient une grande règle en bois et me donnaient des coups sur la main en faisant compte les élèves jusqu'à 10 parfois plus ou bien de demander aux élèves punis, de poser les genoux sur cette fameuse règle et de rester ainsi de longues minutes durant. Pour info, je me souviens qu'un jour j'étais rentré plus tôt en classe et que j'avais cassé cette longue règle en plusieurs morceaux.

    Il y a aussi de très bons souvenirs au cours des récréations, j'avais un cousin qui avait deux ans de plus que moi et qui se trouvait bien évidemment dans les classes au dessus, à chaque fois que cela dérapait dans la cour, à chaque fois qu'un grand venait m'embêter, Félix mon cousin était prévenu et arrivait pour s'interposer. J'avoue en avoir un peu profité.

    Dans la rue Lusitania, je me souviens que l'entrée de mon immeuble (deux niveaux) portait le numéro 17 et qu'un jour on est venu changer le numéro pour mettre le 55, on nous avait dit que la rue s'agrandissait et qu'il fallait qu'ils changent le numéro.

    Les souvenirs de ma rue sont assez vagues, mais je me souviens que de ma fenêtre qui donnait sur la rue, je pouvais parler avec une petite copine qui habitait au second étage de l'immeuble d'en face, moi j'habitais le premier étage. Il nous arrivait de nous retrouver après l'école à parler et à se faire des signes car sa mère ne l'autorisait pas à sortir après l'école. A la droite de cet immeuble et légèrement à gauche vu de mon appartement se trouvait un four, où l'on déposait de grandes marmites solidement attachées et fermées avec du fil de fer, tous les vendredis aux alentours de 17 heures et que l'on venait chercher le samedi entre midi et 13 heures. Dans ces grandes marmites, on faisait cuire notre dafina, ah la dafina. Le plat typique du samedi midi que ma mère préparait dès le vendredi matin et qu'on mangeait toute la famille le samedi et même quand il en restait, c'était resservi le samedi soir.

    Il y avait dans ma rue un épicier, chez qui il nous arrivait de nous servir facilement en bonbons, je suis sûr qu'il le savait et de temps en temps il faisait semblant de nous courir après sans méchanceté. Son échoppe se trouvait au rez de chaussée d'un petit immeuble de 4 étages et dont les occupants, pour leur éviter de descendre, accrochaient un panier au bout d'une longue corde, dans ce panier se trouvait une liste des victuailles, et on les entendait souvent crier le nom d'ALI pour qu'il vienne prendre le petit bout de papier et remplir le panier et les clients pouvaient ensuite remonter le panier, c'était un moyen comme un autre de se faire livrer à manger.

    Pour ma part, cela ne me dérangeait pas de descendre lorsque mes parents me le demandaient chercher ce dont ils avaient besoin chez ALI.

    A une dizaine de mètres plus loin se trouvait une rue que l'on disait être la rue des Espagnols, dans cette petite rue qui rejoignait le grand boulevard qui était parallèle à notre rue se trouvait un marchand de beignets, rien que d'en parler j'ai le goût dans la bouche qui me revient, ces beignets que j'allais chercher par dix tous attachés à un morceau d'une feuille de palmier, ces beignets croustillants et bien chauds, l'huile qui dégoulinait jusqu'au retour à la maison. Dans ma rue, il y avait deux synagogues : la synagogue des Amzallag et la synagogue des algériens, qu'est ce qu'elle était belle cette synagogue des algériens, grande, avec des grands vitraux, j'ai retrouvé ce genre de synagogue dans paris et puis il y avait la nôtre, celle des Amzallag. Elle se trouvait au rez de chaussée de notre maison au 55 de la rue, pour rentrer chez moi j'étais obligé de passer devant la porte qui restait toujours ouverte et j'entendais les fidèles prier. Mon grand-père maternel était le fondateur de cette "choule", et donc portait son nom. Durant toute mon enfance, j'ai été bercé par tous les chants et les prières issus de cette synagogue, je n'avais pas besoin de m'y rendre, je savais à quelle prière ils étaient ou à quel passage de la torah ils étaient en train de lire, je reconnaissais même les voix des différents intervenants : tiens c'est Monsieur Azoulay qui chante, tiens c'est léon qui récite la amida. Je n'ai rien perdu de tout cela, des prières et de la religion, j'ai baigné dans tout cela, je connais certainement plus que certains qui se disent aujourd'hui "chomerim chabat", bon enfin c'est chacun de faire comme il l'entend tant qu'il ne vient pas m'obliger à faire ce qu'ils pensent bien pour moi.

    La synagogue des Algériens se trouvait dans un renfoncement dans la rue lusitania et en face de la rue Lacépède. La rue où se trouvait le terrain de basket, quand je dis terrain, on n'y avait pas le droit de jouer, c'était réservé aux grands matchs pro et l'entrée était payante. Mais on avait une combine pour assister à tous les matchs. La terrasse d'un immeuble du quartier donnait sur le terrain et Khadija acceptait de nous ouvrir pour que l'on puisse tous voir les matchs. Khadija était la personne qui rendait service à tout le monde, elle prenait le linge de la maison pour le laver et ensuite le faire sécher, de temps en temps elle aidait ma mère pour plumer le poulet ou pour faire la cuisine.

    En dehors du terrain de basket, il y avait un loueur de vélos et de mobylettes, la première fois que j'en ai fait, c'était le jour de l'anniversaire d'un cousin à moi, je devais avoir pas plus de 10 ans, j'avais l'impression que l'on allait vite, j'avais pris cette mobylette pour une heure et on avait fait plusieurs fois le tour du quartier à fond la gamelle.

    Il m'arrivait très souvent de passer par la rue Lacépède pour aller chez mes grands parents qui habitaient au 16 rue d'Alger, un immeuble rien que pour eux avec une grande porte en fer forgé et vitrée, une allée et des escaliers en marbre, un appartement d'une vingtaine de pièces, lorsque l'on jouait à cache-cache avec les cousins et ma cousine, il arrivait que celui qui était chargé de nous chercher cherche longtemps, j'aimais bien me cacher avec ma cousine céline - elle habitait rabat - et quand elle venait nous voir à casa, on s'arrangeait pour se voir le plus souvent et longtemps possible, je crois bien que j'ai été vite amoureux d'elle.

    Ce dont je me rappelle sur mes aventures amoureuses : Une fois, ma tante était venue voir ses parents en compagnie de ma cousine, ma mère avait proposé à sa soeur de laisser Céline dormir chez nous, elle a tellement insisté que ma cousine venait dormir à la maison, ma soeur avait 8 ans et moi 10 ans, céline est née la même année que moi et d'après ce que l'on disait nous étions considérés comme frère et soeur de lait. Un jour je me suis disputé avec un de mes cousins car céline lui avait dit qu'elle me préférait à lui et qu'un jour on se mariera. Plusieurs fois, lorsqu'elle venait à Casablanca, on se planquait dans la terrasse de la grande maison des grands parents et on dansait, etc..., pendant de longues heures. Tout le monde dans la famille disait que l'on se marierait un jour.

    J'ai quitté avec mes parents le Maroc en juin 1964 et Céline et sa famille arrivèrent en France en 1967 pour s'installer à Paris. Je ne vous dis pas la première fois que l'on s'est retrouvé, c'était une belle jeune fille de 17 ans et moi j'avais aussi 17 ans, on s'est beaucoup parlé mais elle avait déjà un petit copain avec qui elle s'entendait très bien, donc l'espoir s'est vite évanoui au bout de quelques jours de retrouvailles.

    Revenons à Casa et continuons dans la description des rues de mon voisinage.

    Au bout de la rue lusitania, en la prenant dans le sens de la circulation, quand je dis circulation, je dois un peu exagérer, plutôt des vélos et scooters, des carrioles tirées par des ânes, et de temps en temps une voiture, donc le sens de la circulation était du 55 de la rue en allant vers la rue des espagnols et la rue lacépède pour arriver au bout sur la place de Verdun et ensuite soit on allait vers le mellah, soit on contournait et on allait vers le centre ville de casa, là où se trouvent les grands magasins et les grands cinémas.

    Donc, place de Verdun avec son cinéma VOX où l'on passait des films hindous. Mon père m'a emmené quelques fois, la grande brasserie de l'angle où l'on mangeait des bons sandwichs aux merguez frites et on pouvait également rejoindre la rue d'alger, la rue de mes grands parents en longeant le trottoir de ce grand café de droite.

    Si l'on partait à gauche en sortant de notre rue, on pouvait rejoindre le boulevard d'Anfa, où habitait des cousins et si l'on continuait encore pendant une demi heure on pouvait arriver sur le haut des plages, Kon-tiki et les autres..., la majorité de ces plages privées étaient réservées à ceux qui pouvaient se le permettre, il n'est nullement question de dire que nous étions dans le besoin, mais nos parents travaillaient dur pour tous nous élever et nous apprendre les valeurs de la vie.

    La période de mon enfance au Maroc restera ancrée au fond de moi et comme dit Patrick Bruel dans l'une de ses chansons "Ya lil, habibi, ya lil", ces années ne peuvent pas être oubliées et lorsque certains de mes amis me demandent pour quelle raison je n'y suis jamais retourné, eh bien je réponds : "je préfère garder tous mes souvenirs tels que je les ai encore en mémoire et ne pas trouver en y allant les lieux de mon enfance, car je suis persuadé que des changements ont dû être effectués tout au long de ce demi siècle".

    La guerre d'Algérie a encouragé les juifs du Maroc à fuir.

     

    A bientôt pour la suite

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